mardi 23 novembre 2010

"Le boom de la beauté ethnique"




Un article de Jean-Christophe Despres, directeur de l'agence de marketing ethnique Sopi.

En France, parler de beauté ethnique revient essentiellement à cibler "les populations noires et arabo-berbères", confrontée à des cheveux secs et cassants et à des problèmes de peau (apparition de tâches en particulier), selon Jean-Christophe Despres, directeur de l'agence de marketing ethnique Sopi.

Les statistiques ethniques étant interdites, difficile, en revanche, de mesurer exactement cette population cible. Les estimations varient entre "3 millions de personnes, dont un million d'Antillais", pour Yohann Cohen, directeur général de la marque de cosmétiques ethniques MGC et "7 millions de clients potentiels si l'on ajoute les 4,5 millions d'arabo-berbères", pour Jean-Christophe Despres. Selon Yohann Cohen, le marché des cosmétiques ethniques pèse aujourd'hui 50 millions d'euros en France.

Seule certitude, "il s'agit d'une population sur-consommatrice", assure Yohann Cohen, selon qui "le panier moyen d'une cliente est entre 3 et 5 fois supérieur à celui d'une caucasienne" Dans les magasins MGC, numéro 1 des cosmétiques ethniques en France, le panier mensuel s'élève ainsi à 180 euros. Le produit phare de la société, un lait corporel, se vend à un million d'unités par an.

Et cela n'est pas près de s'arrêter. "La demande en cosmétiques ethniques augmente mécaniquement, du fait de l'immigration, du passage à l'âge adulte des descendants d'immigrés et de l'élévation du pouvoir d'achat de ces populations", rappelle Jean-Christophe Despres. Et dans le même temps, "en s'européanisant, cette demande a fortement évolué, explique Yohann Cohen. Elle a aujourd'hui une attente forte de qualité et de services."

Les grands groupes tels L'Oréal et Estée Lauder ne s'y sont pas trompés, eux qui commencent à investir massivement dans la beauté ethnique. "La grande distribution, des chaînes comme Marionnaud ou Séphora s'y sont mises aussi", rappelle Jean-Christophe Despres.